L’actualité récente du secteur du jeu vidéo entre licenciements, chiffres fous sur le nombre de sorties et titres disponibles m’amène à me poser des questions. Et encore, j’oublierai presque de parler de l’initiative visant à forcer les éditeurs à maintenir en vie les titres (coucou R.U.S.E et World In Conflict). Ma migration vers la 4k et billet sur ma steamdeck et le rapport au jeu m’ont fait réfléchir.
J’en suis à un point où je trouve qu’il y a trop de titres et vraiment pas assez de temps pour y jouer et en même temps, il n’y a presque plus rien d’intéressant. Ou sans aller jusque-là, car les titres restent plaisants à jouer, l’innovation et la nouveauté se font rares.
Ah bon, trop de titres ?
On ne va pas se le cacher, depuis les ouvertures des plateformes aux indépendants, il n’y a jamais eu autant de jeux disponibles en 1 clic. Même Sony et Nitendo qui étaient plus réfractaires de Valve et Microsoft ont, eux aussi, ouvert les vannes. Il y a maintenant des devs kits quasiment partout pour inciter les développeurs à aller sur la plateforme.
Chez Steam, on parlait de 10 000 nouveaux titres par an. Moi qui suis dans la recommandation, je trouve que les plateformes manques clairement d’investissements sur le sujet. Car il n’a jamais été aussi difficile de trouver un titre sympa dans le lot. Je ne compte pas malheureusement sur les newsletters et les homepage de suggestions pour trouver de nouveaux titres réellement pertinents pour moi.
Avec les promos régulières, les offres de découvertes, et les abonnements « découverte » à catalogue illimité, le choix est énorme. On se retrouve vite perdu devant un mur de vignettes téléchargeables et jouables en un clic. Même sans ça, en jouant avec les séries et franchises, les éditeurs se tuent eux-mêmes en proposant presque en même temps des nouveaux titres qui s’auto-cannibalisent. Surtout vu leur tarif, prenons comme exemple le timing/tarif des sorties Titanfall 2 et Battlefield 1. C’est un peu la même avec Wargaming, les chars, les avions, les bateaux, toutes les déclinaisons sont possibles. L’éditeur a beau multiplirt les offres spéciales et les mises à jour, c’est lassant.
Rien d’intéressant, vraiment ?
Là encore, personne ne peut le nier, les gros studios ont arrêté d’innover. Je regrette que l’on se frappe depuis années des suites de franchises. Même pire que la sortie se limite parfois à des remakes remastérisés. On frôle l’overdose de Call Of Duty et autres Assassin’s Creed. D’un autre côté, la situation risque de perdurer, tout le monde est content. Coté studio, on peut vendre le volet d’une franchise à un tarif déraisonnable, la base de fans sera toujours présente.
À l’inverse, les joueurs ne veulent pas investir du temps et cherchent un univers et des mécaniques connues. On retrouve son héros, on change juste de décors (coucou Forza Horizon…). J’allume, je joue, j’éteins, suivant. Si l’on suit l’hype des tests sur Youtube, pendant trois semaines tout le monde ne parle que d’un titre puis il disparait presque à tout jamais. Sauf à être une vitrine technologique qui servira d’étalon dans les benchmarks. À chaque sortie, mes homepages twitch et youtube sont à l’unisson. Tous les streameurs testent la nouvelle sortie. Tous les journalistes et influenceurs font le decryptage des performances/réglages du dernier arrivé.
Et tout ça, c’est surtout dû au fait que le calendrier est saturé de sorties/tests dans tous les sens. Du coup, on ne va pas passer 10 jours à apprendre un nouveau titre si l’on n’aura plus aucun pote dessus une semaine après. Autant rester sur le classique Call Of. Et que dire au final du combat des battle royale fortnite/warzone/apex/pubg… il aura suffi d’un pour que tout le monde copie pour avoir le sien. Tous sont maintenus en vie avec les mêmes mécaniques de saison/pass avec des skins à avoir des classements. Tout le monde n’a pas cette chance quand on voit l’état de Star Wars Battlefront.
Mais ce n’est pas le pire. J’attaque les titres qui auraient pu être intéressants, mais injouable à la sortie. D’autres qui au fil des patchs changent totalement d’équilibre et en deviennent inintéressants. Si je reviens sur les battle royale au matchmaking délirant qui dégoute les nouveaux venus comme les casuals. Une lutte contre la triche inexistante, car mine de rien, un streameur tricheur ramènera plus de monde en promo gratuite du jeu, qu’il ne fera partir de vrais joueurs.
Au final, est-ce que tout est perdu ?
Pour autant est-ce que tout est fini ? Non, en fait pas vraiment. Je ne peux que saluer les initiatives en sens contraire comme Helldivers 2. On casse la dynamique du 1er volet. On vise un autre cycle de mise à jour et d’ajout de contenu. Ça semblait bien parti, même si malheureusement, après quelques mois, le concept commence à s’étouffer. Les grosses sorties du secteur ont repris la main sur cet ovni qui n’a pas réussi à maintenir l’apport de nouveautés (à un rythme pourtant soutenu). J’aimerais dire que là encore les joueurs et les influenceurs sont aussi coupables.
On est saturé d’images du jeu. Tous les influenceurs sont dessus, on y joue en faisant le tour + que rapidement par rapport à ce qui aurait été un parcours de jeu classique. On est donc lassé, on prend la flemme de tester les apports de chaque mise à jour… Puis, on change de jeu tout simplement parce qu’un autre titre est arrivé. Et encore, heureusement qu’il y avait de quoi faire en contenu. Car ce ne sont pas des titres cinémas comme Hellblade 2 ou A plague Tale 2 qui se démarquent par leur durée de vie.
Que dire de plus. Si, pour finir sur une note perso, l’un des derniers titres que j’ai pu prendre, GTFO, qui est pourtant bien loin de ce que j’aime habituellement. Se retrouve, par hasard, comme étant l’un des meilleurs jeux auquel j’ai pu jouer ces dernières années. Et l’un des achats les plus rentables au terme de contenu. N’être à 60% après une centaine d’heures de jeu… Du challenge, du contenu, une re jouabilité. Dans mes cordes, Sudden Strike 4 propose largement mieux que Company Of Heroes et Blitzkrieg 3 (d’ailleurs injouable sans serveurs…).
Est-ce que finalement ce n’est pas ça qu’il faudrait ? Des studios qui ont le courage de prendre des initiatives pour du contenu de niche, élitiste, quitte à en vendre beaucoup moins ? Les puristes diront que l’on perd l’aspect social du jeu vidéo. Mais je suis mal placé, je n’ai jamais touché un FIFA.