Pourquoi est-ce si difficile de choisir son écran ? Peut-être parce que les critères dépendants du cas d’usage sont nombreux. Mais aussi parce qu’il y a tout un état de certifications associées aux écrans dont la signification est obscure. Il y a bien sûr la diagonale et la résolution, le format parfois. Mais ce que l’on voit partout, c’est surtout 40% NTSC, PD, Fast IPS, HDR10, 1500R, 1ms, 200Hz, antilumière bleue.
L’industrie prend plaisir à nous brouiller l’esprit depuis des années. Si ça ne sonne pas impressionnant, il y en a, en tout cas, de quoi se perdre avec tous les chiffres adossés à une fiche d’écran. Et si en fait la plupart de ces mentions ne sont que pur marketing ?
Et si en fait, plus de la moitié des acheteurs sont déçus de leurs achats. Moi le premier, j’aurais apprécié d’avoir de meilleurs conseils sur mes premiers achats. J’aurais également préféré avoir autre chose que des Tiktok disant « aujourd’hui n’importe quelle configuration permet de jouer sur un 24″, si vous êtes compétitif le 32″ n’est pas pour vous ». Cela n’a strictement aucun sens.
HDR
Je vois commencer par les certifications HDR, c’est la mode en ce moment et on voit fleurir une sacrée liste d’écran « compatible HDR » à petit budget. Pourtant, que ça soit HDR10 ou 400, les exigences pour obtenir le label HDR sont tellement faibles que les écrans ne sont pas vraiment HDR. Pire, activer le HDR et le contraste automatiquement sur ces écrans nuit à la qualité d’image.
Le vrai HDR ça commence à partir de 600 nits et plus (comme les téléphones par exemple). Cela demande un local dimming, le support du contenu 10 bits. Et a priori être pas mauvais dans la gestion du DCI-P3. Autrement dit, un écran IPS de 400 nits n’est pas un véritable écran HDR. Pour avoir un label HDR600 (ou 1000) le fabricant doit envoyer l’écran à l’organisme de certifications et réussir tous les tests. Par contre, pour HDR10 ou 400 (ainsi que les 250 et 500 que l’on peut voir fleurir), il suffit d’être en mesure d’afficher du contenu HDR, sans restriction sur la luminosité, les contrastes ou la colorimétrie. Ce qui veut dire que tout le monde peut coller l’étiquette sur le carton sans que ça soit un gage de qualité.
La dalle : couleurs VS luminosité VS réactivité VS prix
On entend un peu tout sur les dalles. Soyons clairs : chaque dalle a ses points forts et ses défauts. Mais ces derniers temps, l’idée que IPS et OLED sont les panneaux ultimes prend de l’ampleur et devient la norme.
IPS
Si on remet les choses en perspectives, l’IPS est l’une des pires dalles en termes de contraste. C’est même la pire pour jouer (ou consommer du contenu) dans une pièce sombre, à cause du fameux Glow (les fuites de lumière du rétro-éclairage). On recommande l’IPS pour les angles de vision par rapport au VA/TN, mais soyons honnêtes, personne ne regarde son écran à 90° de côté… Non pas que l’IPS soit mauvais pour autant, mais c’est tout de même mieux de savoir ça non ?
VA / TN
En face, les VA souffrent de « smearing » (la trainée derrière les objets sombres en mouvements rapides) pour consommer du film dans le noir, ça sera mieux que l’IPS. Pour jouer à Counter Strike, ça sera au mieux inconfortable, au pire, source de nausées. Pour les TN, on ne pourra rien y faire, la colorimétrie est compliquée pour eux. Mais en même temps, assis face à l’écran pour du jeu rapide, ils font le job.
OLED
À côté de ça, il y a les OLED, dont on vante couleurs incroyables, contraste infini, noirs parfaits, la réactivité… tout est bien sauf le prix est la disponibilité dans de petites dalles. Je passe le risque de burn-in, si cela pouvait arriver au début à part cas extrêmes, je pense que les fabricants gèrent bien la chose maintenant. Par contre, la luminosité globale des dalles OLED est loin derrière les autres. L’IPS dans le noir, c’est aussi confortable que l’OLED dans un openspace lumineux… J’en parlais avec les faux 400 nits de mon IPS. Les écrans OLED tournent autour de 250 nits et ce n’est pas fou dans un environnement lumineux, proche d’une fenêtre.
Récap’
Généralement voir IPS et HDR sur la même fiche, à part quelques exceptions, ce n’est pas une vraie expérience HDR. C’est un peu la même chose avec les dalles VA 144Hz qui annoncent 1 ms, c’est souvent du gris à gris donc le temps de transition du plus clair au plus foncé. Pour rappel, 144Hz c’est 7ms entre chaque image, donc un écran qui change ses pixels en 3ms ferait déjà le job. Or, pour afficher du contenu réel, celui-ci ne change pas du plus clair au plus foncé à chaque image. Au contraire, il y a de petites transitions, notamment quand il y a des mouvements (une voiture sur un circuit par exemple). Et ce sont justement ces transitions à mi-intensité qui prennent jusqu’à 20ms … soit tout juste pour afficher du 25 fps.
Donc à 100fps sur ce genre de contenu, c’est la catastrophe. Non pas que tout les transitions
Les features annexes
Il y a ensuite tout ce qui est annexe, la réduction de lumière bleue, le power delivery et le mode ‘mono câble’, le pied pivotant, les haut-parleurs, l’incurvé. Il y a du bien et du moins. C’est au choix de chacun. Pour un écran associé à un portable ou un mini PC le mono câble est sympa. Selon l’usage, un bon pied, c’est mieux. Dans la même veine, BenQ propose des écrans pour développeurs et personnes passant du temps du texte. Il me semble que Dell à également des références en ce sens. Tout comme Asus propose une gamme pro-art avec du 4k 24″ pour du travail graphique.
Pour ce qui est du format, j’ai été fan de l’incurvé 144Hz. Je suis redescendu sur du plat à 100Hz très franchement, c’est tout aussi appréciable. L’incurvé 1000R sur du 21:9 en 34″ OLED est honnêtement quelque chose qui pète niveau immersion. Mais, encore faut-il avoir la place sur le bureau et être prêt à débourser. Après, des utilisateurs sont par ailleurs fan des rares moniteurs au format 5:4 et 4:3 qui peuvent rester sur le marché.
Au final
Il faut voir au-delà de l’effet « grand chiffre = mieux ». Les gens voient 180 Hz ou 200 Hz et se disent que c’est forcément meilleur qu’un 165 Hz. Alors que ce dernier peut avoir de meilleures couleurs, un meilleur équipement global et un meilleur prix. Et potentiellement la majorité choisira quand même le mauvais.
Factuellement, passer de 100 Hz à 180 Hz réduit le temps d’affichage d’une image de 8,3 ms à 5,56 ms. Soit un peu moins de 3 ms de différence par image. Je doute que la plupart des gens arrivent à sentir même pas la différence. Hors e-sport. Alors, à quoi bon un écran 80 Hz plus rapide si c’est une bouillie de ghosting, avec un mauvais temps de réponse. Le tout plus cher et encore si tant est que la configuration arrivera à suivre ?
Pour ma part 4k 27″ ou 1440p 24″ offrent une bonne qualité d’image. Ils n’existent pas encore OLED ni à prix abordable. Déjà avec ses résolutions, il est difficile d’avoir 80fps ou plus. Dès lors, est-ce utile d’avoir un écran qui peut faire le double ? Je ne pense pas.