Choisir son matériel relève du casse, dans l’univers gaming en perpétuelle évolution, chaque décision d’achat représente un compromis. Performances immédiates ou longévité, résolution ou fluidité, ou encore prix et fonctionnalités, les choix sont rarement simples. En 2025, les bons CPU n’ont jamais été aussi abordable alors que les prix des GPU continuent leur ascension. Même si les innovations se multiplient, certains tarifs restent difficile à avaler.
Je propose au travers de cet article d’explorer en douceur les compromis technologiques auxquels nous consommateurs sommes confrontés. Cela dit, les fabricants aussi, font étal de tous les talents en matière de compromis pour nous sortir des produits intermédiaires.
Le paradoxe de la longévité des CPU/GPU
Ou quand le haut de gamme d’hier défie le milieu de gamme d’aujourd’hui ?
Je vais commencer par montrer comment certains composants « anciens » défient étonnamment leurs successeurs modernes. L’un des paradoxes les plus fascinants est sans doute la durabilité des composants haut de gamme face à l’évolution rapide du marché. Un exemple particulièrement frappant est celui des cartes graphiques, où les modèles premium d’hier rivalisent parfois étonnamment avec les solutions milieu de gamme actuelles. Ce qui dit 10 ans pourrait être une honte d’un certain point de vue.
Prenons par exemple, la GTX 980Ti, fleuron de NVIDIA en 2015 vendue initialement autour de 600€. Elle se trouve aujourd’hui sur le marché de l’occasion à moins de 120€. Dix ans après sa sortie, cette carte reste étonnamment compétitive face à des solutions d’entrée de gamme actuelles. Les benchmarks montrent que la RTX 3050, commercialisée en 2025 autour de 250€. Hors DLSS et en faisant fi de la consommation, l’écart en performance pour 1080p est étonnament faible. Pour à peine moins que ce même tarif aujourd’hui on retrouve des 4060Ti…
Ce qui soulève une question fondamentale, pour le même prix, la RTX 4060Ti 8 Go d’aujourd’hui sera-t-elle aussi pertinente dans dix ans que la 980Ti l’est actuellement ? Plusieurs facteurs suggèrent que non, comme le bus mémoire ou la VRAM… Ce phénomène n’est pas limité à cet exemple spécifique. On observe une tendance similaire avec d’autres composants haut de gamme d’anciennes générations qui conservent une pertinence surprenante la GTX 1080Ti (2017) reste compétitive face à des cartes milieu de gamme actuelles comme la RTX 4060. Il en vaut de même pour la 2080Ti.
Un autre aspect fascinant des compromis technologiques concerne la longévité surprenante de certains processeurs considérés comme « milieu de gamme » à leur sortie. Ces CPU, souvent négligés au profit de modèles plus prestigieux, démontrent parfois une pertinence remarquable plusieurs années après leur commercialisation. Le Ryzen 5 5600, lancé initialement à environ 300€ et désormais disponible autour de 80€, illustre parfaitement ce phénomène. Près de cinq ans après sa sortie, ce processeur 6 cœurs/12 threads reste « performant » pour le gaming en 2025. Il est capable de supporter les meilleures cartes graphiques actuelles sans créer de goulot d’étranglement significatif en 1440p et 4K.
De même, l’Intel Core i3-12100F, positionné comme une solution d’entrée de gamme à sa sortie (environ 100€), continue d’offrir d’excellentes performances gaming grâce à ses performances single-core élevées. Sa conception à 4 cœurs/8 threads, qui pouvait sembler limitée face aux processeurs 8 ou 16 cœurs contemporains, s’avère parfaitement adaptée à la majorité des jeux actuels qui n’exploitent pas pleinement les configurations multi-cœurs avancées.
Alors oui, les benchmark de 5090 en 1080p montrent bien que le CPU est limitant. Mais globalement, un 7800X3D en 1440p limite une 4090 dans nombre de titres et en 4k l’écart devient insignifiant. Ce qui a mon sens remet en question la pertinence d’investir dans un processeur haut de gamme pour les joueurs qui privilégient les résolutions élevées. Un Ryzen 5 5600 associé à une carte graphique puissante offrira souvent une expérience quasi identique à celle d’un processeur quatre fois plus cher en 1440p ou 4K.
Le dilemme de la qualité visuelle : 4k min VS 1080p max, détails ou fluidité?
Au-delà des composants eux-mêmes, les compromis technologiques s’étendent également à la façon dont nous les utilisons. Dans le domaine du gaming, l’un des dilemmes les plus fondamentaux concerne l’équilibre entre résolution, niveau de détail graphique et fluidité.
Une idée reçue tenace suggère qu’il est préférable de privilégier une résolution plus basse (1080p) avec des détails graphiques maximaux plutôt qu’une résolution plus élevée (4K) avec des détails réduits. La prévalence de l’upscaling rebat un peu les cartes. Certes, avec son DLSS, NVIDIA semblait renforcer cette approche en promettant « le meilleur des deux mondes ». Pourtant, la réalité est plus nuancée. Comme le confirment de nombreux testeurs et utilisateurs, le DLSS en 1080p produit souvent des résultats décevants.
La résolution interne utilisée par le DLSS à 1080p est basse, créant une base insuffisante pour une reconstruction de qualité. Par ailleurs c’est plus facile d’upscaler en 2x donc en partant 540p. Les artefacts visuels du DLSS étant proportionnellement plus visibles à basse résolution vous avez compris le massacre.
De façon contre-intuitive, un affichage en 4K avec des détails graphiques réduits offre généralement une expérience visuelle supérieure à un 1080p avec détails maximum. Et c’est la que le DLSS vient à la rescousse. Avec un rendu à 50% on est en 1080p. Générer du 1080p medium les GPU savent le faire et plutôt bien. Ce qui fait que d’un coup tout le monde devient gagnant. La netteté intrinsèque du 4K compense largement la réduction des détails graphiques. Les petits éléments même distants restent clairs et on peut se presque se passer d’anti-aliasing.
Le fait de bénéficier d’un meilleur frame-rate permet aussi de pouvoir recourir (sans trop pleurer sur les artefacts) à la Frame Generation. DLSS 4 FG, FSR4, FSR3.1 FG ou AFMF2 ou LosslessScaling. Les derniers ayant l’avantage de se passer d’implémentation en jeu mais aussi de pouvoir se grefer sur la FG en jeu. Cette pratique est toutefois déconseillée selon les titres pour le lag apporté. Ce qui est sur, c’est qu’il vaut mieux avoir de la VRAM en rab et prioriser un achat de GPU compatible.
Le dernier compromis prend la suite sur les écrans, l’OLED
Un élément que l’on envisage pas souvent quand on cherche à upgrade est l’écran. Outre la résoluation que je viens d’évoquer il y a le choix de la dalle. Il faut voir l’écran comme un investissement à long terme qui influence directement notre perception visuelle des jeux. La résolution est une chose. A mon sens, elle va de paire avec la taille mais pas seulement. Pour du jeu compétitif la fréquence de rafraichissement à son importance. Pour des jeux solo, lents, on misera sur l’OLED, le HDR …
Chacune des caractéristiques implique un compromis significatif. Une résolution 4k offre plus de netteté mais exige une carte graphique plus puissante et presque obligatoirement une fréquence de rafrachissement plus basse. A l’inverse, pour obtenir une fréquence de rafraîchissement supérieure et améliorer la fluidité, il faudra certainement sacrifier d’autres paramètres. La technologie de la dalle est un peu a part, certes. elle influence directement la qualité d’image et elle aura plutôt des implications importantes en termes de prix.
La question du rapport qualité-prix des écrans OLED est pertinente en 2025. Avec un prix moyen autour de trois fois supérieur à celui des alternatives IPS ou VA comparables, l’investissement est conséquent. On peut le remettre en persepective avec les avantages de la technologie : constrate infini et temps de réponses instantanées. En opposition, les écrans sont annoncés moins lumineux que les meilleurs LCD que l’on trouve dans leur entrée de gamme de prix.
Je pense que pour quelques heures de gaming par semaine, on peut exclure les risques médiatiques de l’OLED. A ce niveau burn-in et durée de vie plus courte sont une légende urbaine. Sauf à jouer au même jeu 6h par jour tous les jours. La durée de vie est plutôt supérieur à 30000 heures soit plus de 6 mois H24. Les deux inconvénients majeurs seront plutôt le prix et le manque de choix.
Si l’on suit les ventes Amazon, les stats Steam et les recommandations de pro/streameurs il y a 3 configurations avec le vent en poupe en 2024/2025.
- 24″ 1080p/240Hz : Le choix compétitif, privilégiant la fluidité et la réactivité au détriment de la netteté. Particulièrement adapté aux jeux compétitifs.
- 27″/32″ 1440p/144-165Hz : L’équilibre actuel, offrant une netteté supérieure au 1080p tout en maintenant une bonne fluidité. C’est le « sweet-spot » pour la majorité des joueurs qui mettent à jour leur configuration. Je déconseille le 32″ dans cette résolution. Et pour autant je n’envisagerai pas l’OLED vu le surcout.
- 32″ 4K : Le détail au détriment de la fréquence d’images. C’est le choix des passionnés qui ont le matos pour. Les créations peuvent apprécier l’espace disponible. L’OLED peut se justifier si on met dejà 2k dans une 5090…
Je rajouterai mon combo 27″ 4k 165Hz qui offre le meilleur compromis mais … au détriment de la connectique et la luminosité.
Conclusion
Les compromis que j’ai pu en avant dans cet article révèlent une réalité… l’équilibre n’existe pas. Chaque décision implique des arbitrages entre différentes priorités. Qu’il s’agisse de performances, de longévité, de qualité visuelle et bien sur le budget. En préparant l’article, j’ai appris ou revu plusieurs choses :
- Nouveauté VS pertinence : Comme l’illustre l’exemple de la GTX 980Ti face à aux cartes plus récentes, les GPU haut de gamme d’anciennes générations se justifient.
- Le CPU maxi n’est pas le meilleur : Et c’est particulièrement vrai en résolutions élevées (1440p, 4K), ou Ryzen 5 5600 ou le Core i3-12100F restent parfaitement adaptés et représentent un excellent compromis selon les titres.
- L’usage justifie le premium : que ca soit pour le 4k, l’OLED ou les 240Hz. Le 1er écran avec les 3 caractéristiques est limité à 250 nits et le pied ne fait pas tous les réglages, à 1100€ l’écran on est en droit d’attendre mieux.
Ces observations nous invitent tous à adopter une approche plus réfléchie et personnalisée de nos choix. Ne pas suivre les tendances mais analyser nos besoins réels et pour ensuite identifier les compromis qui correspondent le mieux à nos priorités. Ce constat est d’autant plus vrai avec la hausse généralisée des prix.